Les musiciens d’église ont, jusqu’à présent, été largement les oubliés de l’historiographie.
Seuls les grands centres musicaux et les compositeurs ou les interprètes qui se sont fait, par leur talent ou les hasards de leur existence, une place dans le panthéon musical ont fait l’objet d’une attention plus particulière de la part des historiens de la musique.
Mais les historiens plus généralistes ont également beaucoup à gagner par l’observation et l’analyse de cette société mal connue des musiciens d’église, à condition d’en avoir une vision la plus complète possible, jusqu’au plus humble des accompagnateurs liturgiques paroissiaux. Cela nécessitait de réaliser au préalable un inventaire d’autant plus difficile que le champ d’investigation est vaste.
C’est à quoi s’est attaché une équipe d’universitaires qui a lancé, en 2002, à l’initiative de Bernard Dompnier (Université de Clermont-Ferrand) une grande enquête sur les musiciens d’églises exerçant dans les cathédrales comme dans les plus humbles paroisses de France. Une base de données (MUSÉFREM) a ainsi été élaborée. Elle est accessible et ligne depuis le 7 juin 2014 : 600 notices biographiques de musiciens d’Église, actifs à la fin de l’Ancien Régime, en constituent le versement initial (soit 7 départements) dans PHILIDOR, le portail de ressources numériques du Centre de musique baroque de Versailles : http://philidor.cmbv.fr/musefrem/
Après maints retards tout à fait “indépendants de notre volonté”, j’ai le plaisir de vous annoncer que la synthèse de Marie Taron sur les musiciens des Côtes d’Armor en 1790 est enfin en ligne dans la base Muséfrem, accompagnée de près de quarante notices biographiques : http://philidor.cmbv.fr/musefrem/cotes-d-armor
Notre contribution
Nous voulons apporter notre pierre à cet édifice et collecter dans notre Trégor, et peut-être plus largement dans le département des Côtes d’Armor, les informations sur ces musiciens méconnus. Organistes ou non, compositeurs ou non, professionnels ou non, ils ont contribué non seulement à accompagner les offices, mais aussi à former les goûts. Ils ont parfois même, par l’enseignement qu’ils pouvaient dispenser par ailleurs, élargi localement le goût et la pratique musicale, et contribué à la formation d’autres organistes et musiciens.
Notre méthode d’enquête ne peut être, à notre niveau et avec nos moyens, qu’empirique et aléatoire. Elle consistera à recevoir les informations que nos lecteurs connectés voudront bien nous apporter au sujet de ces musiciens, et plus particulièrement peut-être les passionnés de généalogie. Beaucoup d’échanges et d’apports sont, sur ce point, possibles avec eux. Cette collaboration permettra d’établir la liste la plus exhaustive possible de tous ceux qui ont contribué à la liturgie et à la pratique musicale dans nos églises, et surtout de mieux connaître leur vie et la carrière de chacun d’eux.
Le premier niveau de ce travail
consiste à repérer dans les registres d’état civil toutes les personnes déclarant une profession ayant, ou pouvant avoir, un rapport avec la musique d’église. Les copies d’actes originaux qui nous seront fournies viendront s’ajouter à la liste de celles consultables ici. Xavier Gilbert à déjà contribué à la nourrir en nous communiquant les documents collectés au cours de ses recherches de doctorant. Qu’il en soit remercié comme tous les contributeurs à venir.
Le second niveau
consistera à collecter toutes les informations familiales et professionnelles relatives à ces différents musiciens. Sur ce point aussi, nos amis généalogistes sont pleins de ressources. Ils pourront trouver ici une forme de bourse d’échange. Ils contribueront ainsi à enrichir une banque de données sur les musiciens d’Eglise de notre région. Elle complètera celle, heureuse autant qu’ambitieuse, initiée par les chercheurs du groupe MUSÉFREM (Musiques d’Église en France à l’époque moderne)
http://philidor.cmbv.fr/Publications/Bases-prosopographiques/MUSEFREM-Base-de-donnees-prosopographique-des-musiciens-d-Eglise-en-1790/Histoire-de-l-enquete-Musefrem/