Alors que traditionnellement, les orgues construits en Bretagne étaient signés de grands facteurs parisiens ou normands et parfois anglais, on voit à partir de 1850 environ des facteurs se fixer en Bretagne, comme à Nantes.
Avec la création de la Manufacture Debierre à Nantes en 1863, la Bretagne a noué des liens privilégiés avec les facteurs nantais, liens ininterrompus jusqu’à nos jours. De très nombreux instruments érigés, restaurés, tranformés ou entretenus par Debierre, Gloton, Beuchet-Debierre, Bouvet, Renaud, Toussaint, Hurvy, Thibaud, Madigout, Lacorre ou les frères Robert maillent la Bretagne en général et notre territoire d’Argoat-Trégor en particulier. voir le tableau par facteur
Si pendant la seconde moitié du XIX° siècle les nantais n’étaient pas les seuls à occuper le marché (Heyer, Claus, Cavaillé-Coll et successeurs pour ne citer que les plus représentés), on voit apparaître progressivement à partir de la 1ère guerre mondiale une certaine “saturation” nantaise, au détriment d’une organo-diversité sans doute préférable. Le point culminant de cette position ligérienne “dominante” nous paraît être à la période dite des “trente glorieuses”, des années 50 à 80. C’est l’âge d’or de l’esthétique néoclassique en Bretagne.
A partir de 1980, de nouveaux facteurs de tout l’hexagone appelés notamment pour les grands chantiers historiques (Tréguier, Lanvellec, Ergué-Gaberic, Guimiliau, St-Brieuc par exemple) ou encore d’anciens compagnons nantais s’étant installés à leur compte, ont su apporter la respiration nécessaire en ouvrant la facture à d’autres esthétiques.
Laurent Le Bot – 2012
Article Ouest-France “Nantes, un foyer retentissant pour la facture d’orgue” (2010)