L’orgue Bouvet de la Chapelle du monastère Sainte-Anne
L’édifice
La chapelle Sainte-Anne (2 bis rue de Kerampont) était celle de l’hôpital fondé par les sœurs Augustines de la Miséricorde établies à Lannion depuis 1667. Il ne s’agit pas de la chapelle primitive, mais de la nouvelle dont la première pierre est posée le 3 juillet 1894 (l’édifice est béni le 27 juin 1900). En 2005, le couvent Sainte-Anne est racheté par la municipalité de Lannion pour y établir une médiathèque, des salles d’exposition, une maison du Troisième âge, etc.
L’instrument
L’instrument actuel, construit par Bouvet, a été achevé en 1967. Il est d’esthétique néoclassique. C’est le 3° orgue des soeurs augustines de Lannion.
Un petit orgue de Cavaillé-Coll (esthétique pré-romantique) construit en 1851 dans la chapelle primitive le précédait. Il fut déplacé dans le nouvel édifice en 1897.
L’orgue Cavaillé-Coll succédait à “une paire d’orgues” offert par Mr Plivern de Kerméno, un des Fondateurs du Monastère, pour un montant de 1324 livres, en1707 ou 1708.
- La ville de Lannion est propriétaire de l’instrument (affectataire : Direction des Affaires Culturelles, 5 place des Patriotes, 22300 Lannion. Courriel : antony-pezron@ville-lannion.fr)
- Conditions d’accès : L’utilisation est permise aux personnes autorisées par la Direction des affaires culturelles de la ville. Le planning d’utilisation de l’orgue est établi par Madame LESBLEIZ du service culturel de la ville de Lannion.
Photos 1 & 2 : plans de Bouvet (l’agencement des tuyaux est identique dans les deux cas, l’option du soubassement en 1 a été retenu in fine).
Photo 3 : l’orgue en tribune vu du choeur (2008)
Description actuelle
Composition
Grand orgue Récit expressif Pédale
Montre 8' Dulciane 8" Soubasse 16'
Bourdon 8' Cor de nuit 8' Bassse 8'
(extension du 16')
Prestant 4' Flûte 4' Flûte 4'
(extension du 16')
Flûte 4' Nazard 2' 2/3
Doublette 2' Quarte 2'
Plein jeu Tierce 1' 3/5
Cromorne 8'
(jeu non posé)Cymbale
Trompette 8'
Clairon 4'
(jeu non posé)
– Accouplement Réc./G.O.
– Tirasse G.O.
– Tirasse Réc.
– Une combinaison libre.
– Tutti.
2 claviers de 56 notes et pédalier de 30 notes. Transmissions mécaniques pour les notes du G.O. et du dessus de récit, pneumatiques les basses du récit et la commande de jeux, et électriques pour la pédale.
Photos suivantes : console, cartouche, dominos, tuyaux, transmissions diverses & organes internes…
Remarque : le plein-jeu de Bouvet est très aigu et criard, peut-être dû à l’influence des goûts de l’époque des éminents organistes Georges Robert et Gaston Litaize, plus certainement à la demande des soeurs qui désiraient pouvoir entendre l’orgue depuis le choeur des stalles.
Etat de l’instrument
Bon état
Entretien
Depuis l’été 2005, l’entretien annuel de l’instrument est assuré par le facteur B. HURVY (Nantes).
Acoustique
Belle acoustique modulable par un système de rideaux plus un abat-son. Réalisation effectuée par des spécialistes acousticiens en 2008.
Type de chauffage
Chauffage central. Température régulièrement maintenue entre 16 et 19° C.
Orgues antérieurs et évolutions
Orgues antérieurs
- En 1707 ou 1708, Mr Plivern de Kerméno, un des Fondateurs du Monastère, a fait don aux religieuses, pour les soulager et aider au service divin d’une paire d’orgue qui lui a coûté la somme de 1324 livres.
- Le Cavaillé-Coll d’origine, construit en 1851, avant transformation, comportait 2 claviers et pédalier (17 ou 18 notes) en tirasse sur le G.O.
Grand orgue
(54 notes, Ut - Fa)Récit
(37 notes, Fa2 - Fa5)
Montre 8' Flûte harmonique 8'
Salicional 8' Flûte octaviante 4'
Bourdon 8' Cor anglais 8'
Prestant 4' Voix humaine 8'
Gambe 8'
(42 notes de Fa2 à Fa5)
Dulciana 4'
Doublette 2'
Trompette 8'
- En 1897, la maison Cavaillé-Coll déplace l’orgue vers la nouvelle chapelle que les sœurs viennent de faire construire :
- En 1952, Bouvet fournit une turbine éléctrique pour la ventilation.
- En 1962, le facteur Gobin (de Lorient) propose un devis de modernisation, resté sans suite.
- 1962 : le premier projet Bouvet était moins ambitieux que l’actuel réalisé : il ne faisait que reprendre en les inversant les sommiers de Cavaillé-Coll, transformer ou refondre la tuyauterie originelle et éléctrifier les transmissions. C’est finalement un instrument un peu plus développé et tourné vers la musique ancienne (telle qu’on pouvait la concevoir à l’époque…) grâce à une transmission mécanique (pour l’essentiel) qui verra le jour en 1966-67.
GO (1er clavier, 56n) 5 jeux | Récit expressif (2° clav, 56n) 8 jeux | Pédale (30n) (par extension) |
---|---|---|
Montre 8' | Dulciane 8' | Soubasse 16' |
Flûte à cheminée 8' | Bourdon 8' | Basse 8' |
Prestant 4' | Flûte 4' (ou principal 4') | Flûte 4' |
Doublette 2' | Nasard 2'2/3 | |
Pleinjeu IV rangs | Quarte 2' | |
Tierce 1' 3/5 * | * en concurrence avec un Unda maris au fil des propositions du facteur d'orgue | |
Trompette 8' | Transmissions éléctriques | |
Clairon 4' | Trémolo | |
Réutilisation et agrandissement du sommier de récit de C-Coll | Réutilisation du sommier de grand orgue de C-Coll |
Seuls quelques jeux ou éléments Cavaillé-Coll ont été ré-utilisés par Bouvet dont :
- dessus de montre en étain (la basse actuelle est en zinc)
- bourdon (GO)
- flûte douce 4′
- doublette
- une partie de la pédale actuelle
- Le reste de la tuyauterie Cavaillé-Coll a été refondue et incorporée à neuf …
Evolutions
« Il n’y a pas pour l’instant de projet de rénovation prévu. Il y a pourtant matière à en faire un bel instrument : malgré ses défauts et son manque de cohérence, il en émane une belle et douce poésie, servie par une mécanique très légère (G.O. et dessus Récit) et une harmonie tirant plutôt sur le clair que le sombre » (Laurent Le Bot).
Evénements, anecdotes, légendes
L’instrument servait aux offices des sœurs augustines qui ont occupé le couvent de 1667 jusqu’en 2004. Après leur départ de Lannion, les religieuses ont déposé, en 2008, la totalité des archives de leur couvent et hôpital aux Archives départementales des Côtes d’Armor (cote : 171 J 48).
Inauguration (1967) :
Quelques articles de la presse locale lors de l’inauguration, le vendredi 21 xxxx 1967. Etait donné le programme suivant :
Chantés par la Manécanterie de Saint-Joseph sous la direction de l’abbé Boscher :
– “Ave Maria”, de Vittoria,
– “Laudamus te”, “Jesu rex admirabilis”, de Palestrina,
Puis, à l’orgue, interprété par Mr J-P Créac’h :
– Entrée de Palestrina,
– Tiento de Cabanilles,
– Variations de Buxtehude,
– Quelques Chorals de Bach,
– Fugue en sol mineur de Krieger.
Sources documentaires
Site http://orgue.free.fr/of438.html
H. CORBES, “ Les orgues du département des Côtes-du-Nord (Esquisse historique ”, Bulletins de la Société d’Emulation des Côtes-du-Nord, tomes XCIII (1965) et XCIV (1966) p. 73.
Hervé LE GOFF, Les riches heures de Guingamp des origines à nos jours, éd. La Plomée, Guingamp, 2004.
Simone TOULET, “ La restauration de l’église Notre-Dame de Guingamp au XIXe siècle ”, Trégor Mémoire vivante, n° 4, juin 1993, n° 5, décembre 1593.
Archives Départementales
Organistes
Soeur Marie-Aimée-du-Coeur-de-Jésus (née Melle Lenormand, décédée en 1995).
Observation
L’orgue Bouvet de 1967 a été en grande partie financé grâce à un héritage de l’organiste de l’époque, Soeur Marie-Aimée-du-Coeur-de-Jésus.